Une (modeste) évaluation des cinq clip les plus diffusés du mois de Septembre

Publié le par Les redacteurs de Don't stop me now

1- Fergie,  Big girls don't cry
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Thomas : 4/10 : 
Techniquement, il n'y a pas grand chose à reprocher, bonne lumière, bon cadre, belle ambiance, mais c'est quand même pas passionnant. Je préfère de loin ce Big girls don't cry (je vous met au défi de ne pas au moins sourire).

Yoann : 1/10 :
Ce qui retient d’abord mon attention est la drôle de petite culotte gonflée que porte la chanteuse, c’est vous dire la platitude qui se dégage pour moi de cet ensemble d’image mièvre et jaunâtre. Pourtant il y a tout, la fille silliconnée qui me regarde tout le temps, la scène avec les musiciens pour me faire croire que c’est un vrai groupe, l’histoire d’amour et les flash-back, les moments tristes, pour taper dans ce que j’ai déjà vécu. On plaint les bons techniciens qui doivent faire ça.
Plus sympa à entendre, regarder, le groupe où elle était.



2- Soulja Boy, Crank That
(réalisé par Dale resteghini)

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Thomas : 1/10 :
Ça se veut dans l'ère du temps : youtube, portable... et les images sont de ce fait déjà ringardes. On imagine très bien le brainstorming du clip, très premier degré. Mais bon, ça marche, alors ils sont content au marketing. Phénomène notable, il y a quelques moments où le rappeur voit des vidéos de sa chanson parodiée sur youtube, comme pour inviter le public à dépasser la fiction, et vraiment le faire. Le pire, c'est que ça marche, et la chanson tient une grosse part de son succès au marketing viral (untel passe le lien à un autre). Du coup, les enfants dansent comme des petits soldats, et les 10 millions de personnes qui ont visionnés la vidéo sont vraiment dans le tempo.

Yoann : 1/10 :
Ici le nouveau visage du rêve américain, percer en se faisant remarquer sur internet, traversant indifféremment le cerveau d’un gros paquet d’enfants plus ou moins vieux ; une histoire vraie mise en image ou une opération marqueting de Mac (seule marque visible, plutôt rare pour un clip de rap)? La musique m’interroge pas mal, elle est plus que minimaliste, je crois que je vais me remettre au synthé.


3- Kany West, Stronger
(réalisé par Hype Williams)

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Thomas : 6/10 :
Avant de m'expliquer sur la qualité du seul clip digne d'intérêt de ce classement, j'attire juste votre attention sur le réalisateur, qui tire son surnom "Hype" de sa nature hyperactive depuis l'enfance. Pour vous donner une idée, il réalise environ 20 clips par an.
Pour ce qui est du clip, je n'ai absolument rien compris à l'histoire, qui est à mon avis secondaire. L'ensemble est un assemblage décousu d'une dizaines de référence à l'animation japonaise (Jin-roh, gost in th shell, Akira...), copiées de façon assez primaire, il pourrait avoir quelques procès qu'il perdrait probablement. Peu importe, la grosse densité de formes, de couleurs, plus ou moins belles, est intelligemment associée à un arrangement musical fourni, difficile à illustrer.
Mais ce qui me plaît se trouve plutôt au niveau du montage : le travail est assez fin, comme pour l'aspect partiellement saccadé, où l'écho des précédentes images. Tout cela participe à un mélange chaotique, mais sensible, qui répond à la musique de façon quasi abstraite, autant dans la composition progressive des images que dans l'appréhension de l'évolution rythmique.


Yoann : 6,5/10 :
De la culture dans les clips de rap, on voudrait en voir plus souvent. Est-elle ici apportée par la tendance manga et l’esthétique irréprochable du groupe Daft Punk ? Peu importe, la retranscription vidéo de dessins animés est un exercice périlleux, bien maîtrisé ici, et les très belles couleurs font penser à un certain cinéma asiatique (influence réciproque du cinéma et du manga donne des merveilles, au hasard, Tsui Hark).
La culture japonaise est ici assumée entièrement, jusque dans les incrustations typographiques (souvent très bien gérées), ce qui est relativement courageux pour un clip Us. On note aussi une citation de Nietzsche (N-now th-th that that don’t kill me, can only make me stronger), qui encore plus courageux.
Petit hommage aux lunettes blanches du chanteur, petit Bémol pour les passages en plans serrés sur le chanteur de face et mi-transparent, et sur les moments avec une fille qui n’apporte à cette vidéo que de la vulgarité.
A signaler, un clip de Harder, Better, Faster, Stronger (a priori non-officel) un peu laid mais absolument génial.



4- Timbaland, The way i are
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Thomas : 2/10 :
Le pauvre caméraman n'a rien à montrer, alors il bouge sa caméra dans tout les sens. Le pauvre monteur n'a rien à raconter, alors il coupe toutes les demi-secondes. Je m'interroge par contre au sujet du décorateur : ce long tunnel sombre, avec de la lumière au bout, qu'a-t'il bien voulu nous dire?
Ce cercle vicieux pourrait faire l'objet d'un article, et qui sera probablement une question récurrente sur cette rubrique : peut-on faire un bon clip avec une chanson médiocre?


Yoann : 10/10 et 0/10 :
Critique un peu délicate, selon moi le morceau renoue avec une vieille dance des années 90 (Corona, Gala, etc., vous reconnaissez un peu le synthé, le rythme ?) en conservant une soupe rap / r’n’b, une sauce qui marche pas mal ;  le clip surf sur ce même héritage. Tout ça fonctionne, c’est un pur produit calibré (les footballeurs sont-ils là par démarche commerciale ?). Difficile donc de porter un regard sensible, mais techniquement, tout fonctionne. Cette vidéo est à l’abri de toute considération artistique.


5- Sean Kingston, Beautiful girls
(réalisé par Marcus Raboy)

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Thomas : 3,5/10 :
Dans une bouillie acidulée, le clip mélange les références culturelles, ce qui rend l'image aussi superficielle que la musique qu'elle sert. L'ensemble visuel n'est pourtant pas mauvais, on entr'aperçoit même quelques vrais idées de mise en scène, bref, on ne s'ennuie pas trop.
Il y a une récurrence des années 50 dans un certain nombre de clip. Je ne sais pas s'il s'agit d'une nostalgie d'une "période dorée" pour l'amérique, mais je tiens juste à rappeler qu'à cette époque, les noirs n'avaient pas le droit de rentrer dans le genre de café où tout les copains de Sean Kingston dancent comme de véritables petits foufous, ivres de bonheur, et satisfaits de leur condition.

Yoann : 3/10
:  Marcus Rayboy dirige la série Friday After Next (avec le rappeur/acteur Ice Cube), de nombreux clips du même Ice Cube – dont You know how we do it (avec ses interminables fondus au noir), le clip de Fade (du groupe Staind, qui s’adresse à tous les kids qui sont seuls), et j’en passe. Chaque style est bien respecté (malheureusement) mais c’est surtout la qualité des couleurs, les ambiances, le jeu des flous (un peu dans le cliché, soit) qui retiennent l’attention.
La vidéo de Beautiful girls me fait pas mal penser au jouissif Hey ya de Outkast (même ma mère aime ce clip), dans les couleurs et surtout la référence aux 50’s (je vous renvoie à la réflexion de Thomas sur ce sujet). Hey ya reste quand même au-dessus grâce à l’humour et l’energie du clip, qui fait défaut au 5ème lauréat de notre hit, techniquement léché mais empoté, nostalgique et peu créatif.

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